Mai 2022 : le mois de mai, mois de Marie
Tout au long de l’année et plus particulièrement au cours du mois de mai, nous sommes invités à ouvrir nos cœurs pour aller à la rencontre de la Vierge Marie, en savoir un peu plus sur celle que tant de chrétiens prient.
Pourquoi le mois de mai est-il associé à Marie ?
Il est difficile de dire précisément pourquoi le mois de mai est associé à la Vierge Marie. Le mois de mai ne comporte pas traditionnellement une grande fête mariale comme les mois d’août ou de décembre. Ce n’est que depuis la réforme liturgique de 1969 que la Visitation est fêtée le 31 mai. Il ne faut donc pas aller rechercher une explication du côté du cycle liturgique mais plutôt du côté du cycle des saisons. En Europe, le mois de mai c’est le mois des fleurs, le mois où le printemps se manifeste dans toute sa vitalité.
Ainsi dès le 13ème siècle, le roi de Castille Alphonse X le Sage (1221-1284) avait associé dans un de ses poèmes la beauté de Marie à celle du mois de mai. Au 14ème siècle le frère dominicain Henri Suso (1295-1366) avait pris l’habitude le premier mai d’orner les statues de Marie de couronnes de fleurs. Il y a donc très probablement un lien entre la beauté de la flore qui se déploie au mois de mai et notre Mère du ciel.
A quand remonte cette coutume du mois de Marie ?
C’est à Rome, à la fin du 16ème siècle, qu’est née la coutume de consacrer les 31 jours du mois de mai à une prière mariale renforcée. Saint Philippe Néri (1515-1595) par exemple rassemblait les enfants autour de l’autel de la Sainte Vierge dans la Chiesa Nuova. Ils leur demandaient d’offrir à la Mère de Dieu des fleurs du printemps, symboles des vertus chrétiennes qui devaient aussi éclore dans leur vie chrétienne. Le mois de Marie est donc depuis le début, non seulement un bel acte de piété envers la Vierge Marie mais aussi un engagement à se sanctifier jour après jour.
Au 17ème siècle et au 18ème, les Jésuites ont beaucoup œuvré pour diffuser cette dévotion dans toute l’Italie. Ils recommandaient que, la veille du 1er mai, dans chaque maison, on dresse un autel à Marie, décoré de fleurs et de lumière. La famille était invitée à se réunir pour prier en l’honneur de la Sainte Vierge et à tirer au sort un billet indiquant la vertu à mettre en application le lendemain.
Cependant c’est en approuvant cette dévotion en 1815 que le Pape Pie VII (1742-1823) va permettre sa très grande diffusion dans toute l’Eglise. Le mois de Marie sera célébré dans les paroisses et dans les familles.
Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu’on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final,
Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme, l’Eden de l’ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées,
Parce que vous m’avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France,
Parce qu’elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense,
Parce qu’à l’heure où tout craquait, c’est alors que vous êtes intervenue,
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,
Parce qu’il est midi, parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui,
parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
Paul Claudel
(extrait de « La Vierge à midi », Poèmes de Guerre, N.R.F., 1914-1915)
Mais qui es-tu donc Marie de Nazareth ? Que nous apprennent les évangiles sur la personne de Marie ?
Dans les différents récits évangéliques, Jésus n’adresse la parole à sa mère que trois fois :
- Au Temple de Jérusalem : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père. » (Luc 2, 49)
- Aux noces de Cana : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue. » (Jean 2,4)
- Sur la croix : « Femme, voici ton fils. » (Jean 19,26)
Ces trois petites citations sont minces comparées à l’abondante littérature qui, au fil des siècles, nous a raconté et célébré Marie.
La mère du Christ a été représentée tout au long de l’histoire des chrétiens ; elle a inspiré nombre de peintres et autres sculpteurs, qui en ont fait des portraits variés constituant un patrimoine considérable depuis les premiers siècles du christianisme.
Que nous dit Marie d’elle-même ?
Marie quitta Nazareth et vint à Aïn Kérim, à la rencontre de sa cousine Elishéba (Elisabeth). En l’accueillant, l’épouse de Zacharie introduit ainsi le Magnificat : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » (Luc 1, 45)
Dans son Magnificat, Marie se dit pauvre, humble : « Le Seigneur a porté son regard sur son humble servante. » (Luc 1, 48a) Dans son chant d’action de grâces, Marie fait remonter toute la gloire vers Dieu, son Sauveur : « Le Puissant fit pour moi des merveilles. » (Luc 1, 49)
Que nous apprend l‘Histoire sur Marie de Nazareth ?
Marie était juive. Son nom en hébreu est Myriam. Selon la tradition, la jeune fille est originaire de Zippori (Sepphoris), ville de Galilée où vivaient ses parents Anne et Joachim. Marie accepta d’être la fiancée de Yosseph (Joseph) à Nazareth, petit village de Basse Galilée ; c’est alors que Yahvé s’adressa à elle pour être la mère de « Yéshoua », c’est le prénom que Joseph et Marie ont donné à leur enfant. La vie de Marie a été en tout la vie d’une épouse juive. « Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils Yéshoua. »
Marie était chrétienne, la première chrétienne, puisqu’elle était la mère du Christ. Marie est vénérée dans les différentes traditions issues des évangiles :
Dans la tradition catholique : nombreux sont les livres, les chants, les églises, les monastères, les instituts religieux qui portent son nom ; nombreux aussi les lieux de pèlerinage où les prières montent vers Dieu par l’intercession de Marie.
À Lourdes, le 25 mars 1858, Bernadette Soubirous demande à la Dame de dire son nom. La Dame répond : « Que soy era immaculada councepciou. »
Dans la tradition orthodoxe où elle est appelée Μαρία (Maria), c’est la formidable présence de Marie dans son peuple par les icônes.
L’icône de la Vierge de Vladimir attire aujourd’hui des milliers de chrétiens russes venant rendre grâce pour le renouveau religieux dans ce pays. Marie est l’icône de la « tendresse » de Dieu pour les hommes.
La tradition protestante est plus réticente par rapport au culte marial. Pourtant Martin Luther, le fondateur, a écrit de magnifiques homélies concernant la vie de Marie : en particulier son commentaire du Magnificat. Luther a développé surtout le thème de Marie, Mère de Dieu :
« Je crois… que Marie, la Vierge, est une mère dans le sens le plus vrai du mot, et non seulement de l’homme Christ, mais du Fils de Dieu. » (Confession de foi de Luther sur la Cène du Christ en 1528)
Plus près de nous, le Frère Roger Schutz, protestant, fondateur de la communauté de Taizé (un prophète parti trop tôt) aimait évoquer Marie, figure de l’Église.
Pour terminer ce tour d’horizon religieux, je tiens à évoquer l’islam. Pour les musulmans (en particulier ceux avec qui j’ai partagé ma foi, à Alep, en Syrie) Marie est une des merveilles de la création qui conduit les hommes à la foi. Dans l’Islam, le nom de Marie est Myriam –
Marie est citée 37 fois dans les textes du Coran. La sourate 19 est intitulée « Maryam ». La sourate 21 verset 91 dit : « celle qui est restée vierge, nous avons fait d’elle et de son fils un signe pour les mondes. »
Père Joseph Guilbaud
{(Originaire de Vendée, le Père Joseph GUILBAUD est entré au séminaire de Luçon, est allé chez les Pères du Saint-Esprit, a fait ses études de philosophie à Mortain (Manche), de théologie à Chevilly-La-Rue, a enseigné deux années à Alep en Syrieet terminé ses études à Rome (Université grégorienne))}
Marie, fille de Galilée
Quelle fut la vie de Marie à l’époque où la Palestine vivait sous l’occupation romaine ? Mariée adolescente, elle devint une femme juive accomplie de Nazareth en Galilée. L’éclairage de nombreux spécialistes permet de reconstituer le milieu culturel et religieux dans lequel vivait Marie. L’archéologie complète ce panorama par des connaissances sur la vie quotidienne des femmes palestiniennes au temps de Marie.
Prêtresse du foyer, Marie participa à l’éducation religieuse de Jésus jusqu’à ses trois ans.Elle a aussi accompagné son fils dans sa vie publique. Le récit des Noces de Cana est révélateur des liens qui les unissait.
Après la mort de Jésus, on sait que Marie vécut avec les premières communautés « chrétiennes ». Si la date de sa mort n’a pu être déterminé avec certitude, on connaît celle qui marquera un tournant dans la dévotion mariale :ce fut en 431 au Concile d’Ephèse où les évêques décidèrent de donner à Marie le titre de mère de Dieu.
Tourné sur les lieux où vécut Marie, le documentaire est ponctué de nombreuses scènes de reconstitution qui le rendent très vivant.
À quel âge est morte la Vierge Marie ?
Les théologiens ne s’accordent pas sur la mort de la Vierge Marie. S’est-elle élevée au ciel avant sa mort ou est-elle morte avant de monter au ciel ? La question reste ouverte. L’Église parle de « Dormition ».
La Vierge Marie est-elle morte ?
Marie elle morte au sens humain du terme, pour ressusciter ? Est-elle élevée directement au ciel ? On ne dit pas la « mort » de Marie d’ailleurs mais la « Dormition » ? Pourquoi ? Parce que certains se demandent si elle est vraiment morte ! C’est une très ancienne querelle de théologiens. Certains affirment que Marie a été enlevée au Ciel avant sa mort. D’autres pensent qu’elle a connu la mort avant d’être élevée au Ciel.
Ce qui est certain, c’est que Marie est ressuscitée. Le dogme de l’Assomption proclame qu’elle est dans la gloire avec son corps et son âme. On ne le dit d’aucun autre disciple du Christ. Même les saints « se sont endormis dans l’attente de la résurrection », comme dit la liturgie (Deuxième prière eucharistique). On peut dire de Marie qu’elle n’a pas été enterrée mais « encièlée » corps et âme.
Comment est morte la Vierge Marie ?
On ne sait pas à quel âge Marie est morte. L’Évangile ne le dit pas, ni aucun des écrits qui constituent le Nouveau Testament. Certains écrits apocryphes donnent de la mort de la Vierge des récits détaillés et pittoresques. Mais l’Église n’a jamais reconnu ces textes qui, d’ailleurs, se contredisent parfois. On ne sait pas non plus où elle est morte, mais de nombreux indices laissent à penser que c’est à Éphèse où saint Jean l’avait accueillie comme le lui avait demandé Jésus.
Quel âge avait Marie à la naissance de Jésus ?
D’après un écrit apocryphe du protévangile de Jacques, il est rapporté qu’elle avait 16 ans lorsqu’elle fut enceinte de Jésus. Selon Joseph le Charpentier, autre apocryphe, elle avait 14 ans. Ces textes ne sont pas reconnus par l’Église ?
La mort de la Vierge Marie dans la Bible
Une seule chose importe vraiment : qu’elle ait été glorifiée, corps et âme ; c’est le dogme de l’Assomption, promulgué par le pape Pie XII en 1950. Ce texte ne parle pas pour Marie de « résurrection » (ce serait reconnaître qu’elle était effectivement morte) mais d' »Assomption » : « Nous affirmons, […] que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée corps et âme à la gloire céleste ». C’est ce que nous fêtons le 15 août.